ALEXANDRE DANAN PARIS

《Voilà de bonnes raisons pour expliquer pourquoi l'on sert aujourd'hui encore le bouillon dans un bol de laque, car un récipient de céramique est loin de donner des satisfactions du même ordre. Et d'abord parce que, dès que l'on enlève le couvercle, un liquide contenu dans une céramique révèle sur-le-champ son corps et sa couleur. Le bol de laque au contraire, lorsque vous le découvrez, vous donne, jusqu'à ce que vous le portiez à votre bouche, le plaisir de contempler dans ses profondeurs obscures un liquide dont la couleur se distingue à peine de celle du contenant et qui stagne silencieux dans le fond. Impossible de discerner la nature de ce qui se trouve dans les ténèbres du bol, mais votre main perçoit une lente oscillation fluide, une légère exsudation qui recouvre les bords du bol vous apprend qu'une vapeur s'en dégage, et le parfum que véhicule cette vapeur vous offre un subtil avant-goût de la saveur du liquide avant même que vous en emplissiez votre bouche. 》

 

Junichiro Tanizaki L’éloge de l’ombre 1933

 

 

Alexandre Danan dessine comme il respire. Depuis ses rêves d’enfant, dans les lumière de Fez, il a rencontré le monde un crayon à la main, qu’il n’a jamais lâché.

Certains artistes mettent le monde dans un dessin ; Alexandre, lui, met son dessin au monde : c’est ainsi qu’il est devenu architecte décorateur.

Traduire le dessin en lieu, c’est raconter un voyage entre le monde intérieur et le monde extérieur, fait par un crayon qui invente une forme.

Après l’enfance et son lutrin, les voyages d’un lieu à un autre, de l’Orient à l’Occident, mais aussi dans le temps, de l’antique au moderne et au contemporain.  Voyages en surimpression sur le premier, le voyage primordial, celui des souvenirs, des vieux maîtres, des rêves : Brunelleschi et ses machines, Churchill et ses légendes, Tolkien et ses elfes, mais aussi Eames et son épure, Fellini et ses outrances, Louis Kahn et sa brique, Matisse et sa découpe dans la couleur, Niemeyer et ses courbes, Paulin et ses rigueurs, Prouvé et son efficace…

Tous ces noms peuplent le travail d’Alexandre Danan de leurs images, de leur histoire, de leur inspiration.

A son trait de crayon, ils donnent la mémoire et ses harmoniques, pour que la décoration devienne cet écho du poème de Baudelaire qui exprime miraculeusement l’essence d’un intérieur :

 

 

 

 

 

 « Des meubles luisants / Polis par les ans / Décoreraient notre chambre; / Les plus rares fleurs / Mêlant leurs odeurs / Aux vagues senteurs de l'ambre / Les riches plafonds / Les miroirs profonds / La splendeur orientale / Tout y parlerait à l'âme en secret / Sa douce langue natale. »Quand une nouvelle création s’invente dans le dessin d’Alexandre, c’est cette alchimie qui s’opère entre un projet pensé avec un commanditaire, le génie d’un lieu, l’histoire d’un quartier, mais aussi la personnalité de l’hôtel ou de la maison, de son directeur ou de son habitant…

Puis le dessin reprend ses droits, et se charge pour devenir matière (bois, verre, métal, tissus, objets légers ou lourds, opaques ou brillants…) et forme: netteté des lignes, douceur des courbes, variation des touchers - rêche, soyeux, froid ou chaleureux…

Dessiner l’espace - dessiner l’âme.

A travers ses dizaines de projets, en vingt-cinq ans de son métier de précision, d’efficacité, de finesse et de culture, Alexandre Danan ne perd pas le fil de sa rêverie intérieure, car c’est avec un trait qu’il se parle sa propre « langue natale ».

 

 

 

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